L’œil d’Innov’Alliance :
Une prospective à 2040 pour l’agriculture biologique française
En France, l’agriculture biologique a connu en 2023 une situation paradoxale : elle représente une part importante des exploitations (14%), des emplois agricoles (19%) et des surfaces cultivées (10,4%), mais ne capte que 6% des ventes alimentaires. Après deux décennies de croissance, le secteur traverse une crise depuis 2022, marquée par un ralentissement des conversions, un recul des ventes et des difficultés liées à l’inflation. Une étude prospective sur l’agriculture biologique française à l’horizon 2040, commandée par le ministère de l’Agriculture et réalisée par Ceresco et le Crédoc, a permis d’analyser les scénarios d’avenir probables de la filière bio. Il en ressort quatre scénarios d’évolution probables, conditionnés par les futures politiques mises en place sur les prix, l’image ou le soutien aux filières.
- Scénario 1 : en quête de croissance puis de résilience, le secteur bio non prioritaire. Scénario marqué par la croissance puis la résilience sans priorité donnée au bio, avec pour conséquence une marginalisation du secteur, la disparition du label officiel, et la survie de niches locales et urbaines.
- Scénario 2 : « 3e voie » triomphante et secteur bio marginalisé. La filière connaîtrait une émergence d’alternatives environnementales moins exigeantes mais plus compétitives, reléguant l’agriculture biologique à une part de marché résiduelle (<3%).
- Scénario 3 : un standard bio « allégé » pour un secteur compétitif et généralisé. Ce scénario repose essentiellement sur l’assouplissement du cahier des charges pour favoriser les conversions, le développement massif de l’agriculture bio (30% du marché), mais aussi sur la coexistence avec des démarches privées plus strictes.
- Scénario 4 : vers une agriculture et une alimentation biologiques prédominantes. Dans un contexte de démondialisation et de politiques européennes ambitieuses, l’agriculture bio deviendrait la norme agricole et alimentaire, soutenue par des mesures fortes (PAC, fiscalité, sécurité sociale de l’alimentation).
De manière générale, l’étude suggère que malgré le risque de marginalisation, plusieurs trajectoires existent pour relancer et consolider le secteur, à condition de renforcer les infrastructures, d’éduquer les consommateurs et de maintenir une offre accessible et crédible.