L’œil d’Innov’Alliance :

Et si le futur de l’agriculture passait par les programmes spatiaux ?

On ne compte plus les innovations liées à la recherche spatiale : moteur, circuit imprimé, informatique, matériaux composites, technologie Bluetooth, etc. Depuis quelques dizaines d’années, les secteurs agricole et aérospatial se rapprochent : capteurs développés dans le cadre de programmes spatiaux applicables à l’agriculture, améliorations des prévisions météorologiques grâce aux satellites, mais également développement de solutions de production de végétaux pour explorer les planètes du système solaire mais également, peut-être un jour, la Voie Lactée dans son ensemble.

Le rapprochement entre le milieu agricole et aérospatial est notamment porté par la nécessité de répondre aux enjeux majeurs : sécurité alimentaire, changement climatique, amélioration de la gestion durable des ressources. Les pays investissent massivement dans les projets visant à accélérer le transfert de technologie entre les deux secteurs.

La Tanzanie a notamment investi près de 6 milliards de shilling tanzanien (soit environ 2 milliards d’euros) dans l’achat d’avions haute technologie visant à protéger l’agriculture et à renforcer la sécurité alimentaire.

Mi-mars 2025, la National Aeronautics and Space Administration (plus connue sous l’acronyme NASA) a publié les finalistes de son concours dédié au thème de l’agriculture et de l’aéronautique. 8 projets ont été retenus, dont 3 peuvent être directement appliqués dans le domaine du végétal. Les projets de l’université d’Auburn, qui vise à améliorer l’efficacité proactive des ressources grâce à la coordination de l’imagerie et de l’utilisation des pulvérisateurs, de l’université de Boston, qui vise à mieux analyser les sols et les traitements aérien de l’azote, et de l’université de Caroline du Sud, qui vise à l’amélioration de l’analyse des sols par des drones, sont autant de projets qui devront améliorer le futur de l’agriculture.

En Europe, des entreprises comme Airbus se positionnent déjà sur le marché. En effet, l’entreprise a développé son projet FarmStar, qui utilise des algorithmes d’intelligence artificielle traitant des données spatiales, améliorant la productivité et les rendements agricoles des cultures de blé, d’orge et de colza. FarmStar favorise ainsi une fertilisation de précision en surveillant les niveaux d’azote.

Des startups américaines ont lancé des satellites spécifiques aux besoins agricoles. L’entreprise américaine EOS Data Analytics développe EOS SAT, une constellation de 7 satellites d’observation de la Terre conçus spécifiquement pour des applications agricoles telles que la surveillance des sols et l’évaluation de l’impact climatique.

En Europe, des entreprises comme SatRev (qui collabore avec le centre national de soutien à l’agriculture polonaise) pour développer un système de surveillance des cultures par satellite (S2MUR) ou comme ConstellR (qui s’apprête à déployer quatre satellites haute résolution VEgetation (HiVE) progressent à vitesse grand V.

Cependant, toutes ces initiatives qui collectent des données agricoles doivent faire face à un problème important : la standardisation et l’intégration des données. L’initiative Harmonized Landsat and Sentinel-2 (HLS), portée par une collaboration entre la NASA et l’USGS vise à harmoniser les données afin de mieux les exploiter. En somme, le lien entre agriculture et aérospatial ne relève plus de la science-fiction mais bien d’une réalité technologique et stratégique.